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18 Thursday December 2003
En ces heures d'obscurantisme religieux où chaque communauté prépare, en secret, la destruction de celle qui lui porte le plus ombrage, la réalisation par le musée du judaïsme de Paris d'une exposition sur la communauté juive du Yémen apporte un peu d'air frais.
On y retrouvera avec plaisir les travaux sans nombre réalisés par les artisans et/ou artistes juifs pendant plus de vingt siècles sur le sol yémenite et la remarquable fécondité de l'interaction entre les deux cultures.
La vie de cette population est assez bien connue grâce à l'enquête menée par un orientaliste français, Joseph Halévy, qui accomplit là-bas un voyage en 1869. Son guide local, Hayyim Habshush, publia de son côté les souvenirs de cette expédition vingt ans plus tard. En 1910, un inspecteur de l'Alliance israélite universelle, Yomtob Semach, envoyé au Yémen pour étudier la possibilité de créer des écoles francophones au sein de la communauté juive, rédigea lui aussi un rapport. Il y décrit précisément la vie quotidienne et professionnelle des juifs yéménites, détaille leur statut, leur répartition géographique, leur habitat, leurs costumes, leur état d'esprit, leurs coutumes religieuses - il compte notamment à Sanaa, la capitale du Yémen, "vingt-sept synagogues plus ou moins grandes".
Enfin, un géographe allemand, Carl Rathjens, collecta, entre 1928 et 1938, un abondant matériel ethnographique (meubles, objets de culte, livres, outils, ustensiles, tissus, bijoux) qui fut acheté par l'université hébraïque de Jérusalem, puis déposé au Musée d'Israël. L'exposition de Paris, qui a d'abord été montée au Musée de Jérusalem par Ester Muchawsky-Schnapper puis adaptée pour l'hôtel de Saint-Aignan par sa directrice, Laurence Sigal, puise largement dans cette collection.
La communauté juive du Yémen est l'une des plus anciennes qui soient. Une présence juive est attestée ici dès le IIe siècle de notre ère. Au IVe siècle, un souverain du royaume d'Himyar se convertit au judaïsme. Peut-être pour faire pièce aux chrétiens du royaume de Saba, son rival. Un dernier roi juif himyarite, Joseph Dhu Nuwas (518-525), est renversé par une invasion venue du royaume chrétien d'Axoum (actuelle Ethiopie). Les Sassanides de Perse chasseront assez vite les Axoumites. Mais c'est pour se convertir à l'islam naissant.
La communauté juive va donc survivre dans cet environnement islamique. Elle y est tolérée en tant que "religion du Livre", ce qui ne l'empêche pas de connaître des moments de graves tensions lors des luttes récurrentes entre les Ottomans et les imams chiites pour le contrôle de la région. Les périodes troublées peuvent conduire les juifs à l'exil, comme en 1676, vers la ville côtière de Mawza. Elles font également surgir des messies autoproclamés qui mettent en ébullition cette population très tournée vers le mysticisme. C'est à l'occasion d'une effervescence messianique que le philosophe et théologien Maïmonide adresse du Caire aux Yéménites son Epître au Yémen (1172), qui marquera de façon durable le judaïsme de la péninsule Arabique.
On y lira avec intérêt les textes produits par cette communauté reflétant son goût prononcé pour la kabale et l'on réfléchira encore une fois sur la perte que constitue aujourd'hui le manque de collaboration entre les arabes et les juifs empétrés dans des querelles de territoires stériles. On sait déjà que Mein Kampf est un best-seller dans les librairies du Caire, de Damas et de Beyrouth. On serait à peine étonné qu'il le soit dans celles de Jérusalem, New York ou Tel-Aviv.
emprunt:: Le Monde
fluctuat.net
les juifs de l'hymar
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