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le souq de Sana'a |
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19 Saturday October 2002
Sana'a : 19 septembre 2002 : premier jour d'illégalité au Yémen
Voilà bientôt une semaine que je traine dans les rues de la capitale yéménite, victime des incohérences de la coopération française.
La prison est idylique mais ma situation n'est pas des plus confortables. Du coup, je trompe l'angoisse de l'attente en me perdant dans le dédale sinueux des rues de la vieille ville. Depuis le rempart fortifié qui protège la ville des crues torrentielles du wadi qui se gonfle des pluies de la mousson d'été, il y a peu de pas à faire pour s'enfoncer dans le temps et dans le rêve ; partout l'harmonie des couleurs et la douceurs des formes invitent le marcheur à la nonchalance et à l'errement. Même le souq, organisé en corporations et grouillant d'activités jusque tard dans la nuit ne parvient pas à précipiter la déambulation hasardeuse de l'étranger.
Ce souq, probablement millénaire, ne vous saute pas à la gorge en s'offrant comme un étalage de marchandises achalandé en un patchork de couleurs et de crieurs. Au contraire, on y passe presque inaperçu entre les senteurs d'orient et les couleurs d'Asie, entre les lames effilées des djambia et les vendeurs de salade euphorisante. On y croise même des artisants au savoir immémorial, heurtant le fer de leur lourds marteaux, perçant des montants de fenêtre ou scultant les motifs anciens décorant ces dernières pour jouer des reflets du soleil et des coquetteries de la lune. Les copeaux de bois s'envolent, les gerbes de feu s'échapent des minuscules boutiques illuminant la face des forgerons d'une lumière infernale et toute cette activité parfume les rues déjà imprégnées d'un mélange d'épices et d'encens troublant.
Dans l'indifférence générale, je me mêle aux vendeurs de qât, je marchande quelques dattes ou des cailloux d'encens, je pointe mes objectifs sur ce tableau insaisissable prenant quelques vieux et dignes hommes comme repère du temps qui passe.
Fatigué par cette course immobile, je m'assois quelques instant pour déguster un jus de citron ou un thé au lait et en me réveillant de mon agitation occidentale je me glisse dans mon rêve oriental berçé d'illusions.
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